Les frontaux, on en trouve de toutes les couleurs, avec de nombreuses formes, et en ce moment, souvent avec des strass. Le frontal est-il simplement un objet de décoration pour sublimer nos montures ?
Si vous avez lu l’article sur la muserolle, vous l’aurez compris, le frontal aussi est là pour stabiliser le bridon sur la tête du cheval. Stabiliser latéralement, notamment lors de la mise en tension des rênes, mais aussi horizontalement, pour éviter de perdre son filet si le cheval secoue la tête à cause des mouches, mais aussi pour lui éviter de se retrouver sur les cervicales vers l’arrière.
Donc, le frontal est utile. Cependant, attention, il est aussi souvent à l’origine de pics de pression. Si le frontal est trop petit (ce qui arrive relativement souvent), il plaque la têtière contre les oreilles et peut donc provoquer des sensibilités à cet endroit (qui comporte des cartilages, des muscles, des nerfs, des vaisseaux). C’est d’ailleurs à cet endroit (juste derrière les oreilles) qu’ont été enregistrés les pics de pression maximum avec la plupart des bridons (Murray et al. 2015). Pensez à vos lunettes de soleil un poil trop serrées. Au début, ça va, puis après quelques heures, vous ne pensez plus qu’à ça, ce point derrière vos oreilles qui est comprimé. Quand vous les enlevez, cet endroit est sensible. Cela disparaît si on ajuste les lunettes, pour qu’elles tiennent sur le nez, mais sans faire mal derrière les oreilles, ou qu’on les enlève. Imaginez alors si vous remettez ces lunettes, et donc ce filet, trop serré tous les jours … Cet endroit devient particulièrement sensible et c’est donc très désagréable pour le cheval.
Ici le frontal, trop petit, tire la têtière vers l’avant.
Par Ludovic Perron – travail personnel.
Idem pour les muscles temporaux, qui se trouvent devant. Avec un frontal trop petit, ils seront eux aussi comprimés, à la manière d’un casque d’équitation une taille trop petite. On peut le supporter quelques minutes, voir une ou deux heures, mais au bout d’un moment il vous fait mal à la tête. On ne sait pas exactement ce qu’il se passe pour le cheval, mais on peut imaginer, mammifères que nous sommes, que c’est pareil pour eux, et qu’en tout cas cela provoque de l’inconfort.
Il faut donc, comme pour chaque partie du bridon, l’ajuster correctement. Pas trop court, pour les raisons évoquées ci-dessus, mais pas trop grand non plus, sinon la têtière peut être trop mobile, ce qui occasionnera des frottements et une instabilité, tout aussi désagréables.
Au niveau de la forme, les frontaux en forme de vague ou de V ont l’avantage de dégager les muscles temporaux, et sont donc plus adaptés à la forme de la tête du cheval.
Des frontaux aux multiples formes.
Quant à la déco, c’est une question de goût, à chacun de choisir. On évitera juste un frontal très lourd, qui aura tendance à tirer le bridon vers l’avant.
Dernière chose, les mesures de pression sous le bridon effectuées (Murray et al. 2015) ont montré que la pression au niveau de la têtière se trouve derrière les oreilles, mais aussi au niveau de l’attache du frontal car on a souvent à cet endroit 3 épaisseurs de cuir. Idéalement, il faudrait donc coudre le frontal à la têtière pour pouvoir enlever au moins une épaisseur de cuir, et donc réduire les pressions. A réfléchir …
Maëlle NAUROY, Thalestris bit fitting